Sandrine, 40 ans, « En France j’ai l’accent anglais, ici j’ai l’accent français »

Partout où elle va, Sandrine emmène sa petite fille Lili, 10 mois. Quand elle rentre en France, elle est toujours surprise de trouver des cafés ou des restaurants sans chaises hautes, table à langer ou aire de jeux pour les enfants. «Ici les families sont toujours welcome, en France j’ai l’impression que les gens restent plus chez eux… »

Jeune fille au pair

Quand elle nous raconte sa vie anglaise, en faisant jouer Lili sur ses genoux, Sandrine a une pointe d’accent anglais, et cherche même parfois ses mots. Il faut dire que cela fait plus de 10 ans qu’elle habite à Birmingham. «Je voulais améliorer mon anglais, la meilleure façon, c’était de venir ici en tant qu’au Pair… J’ai gardé 4 enfants dans une famille végétarienne à King Heath pendant un an.» Même si elle reconnait que ne pas manger de viande pendant 12 mois c’était dur, elle apprécie la culture, commence à maitriser la langue, et surtout rencontre le futur père de ses enfants par l’intermédiaire d’amis. Un anglais, un vrai.

Pourquoi Birmingham comme destination pour ce voyage linguistique, «je n’ai pas vraiment choisi, je voulais une grande ville pour que ce soit pratique pour les transports.» En débarquant de sa Provence natale en septembre, elle trouve évidemment que c’est très gris et très froid. Mais tout de suite, elle accroche avec la culture, l’ouverture d’esprit des habitants. «Venant de ma petite ville de province, j’ai apprécié un vrai multiculturalisme. Dans le bus, il y avait des jeunes mamans tatouées avec des piercing et des femmes en jupe tailleur type Pierre Cardin, et elles étaient assises à coté, sans problème, sans se dévisager. D’où je viens c’est très standard, ici c’est contrasté. J’aime les mélanges. »

Retour aux sources

Elle repart en France finir ses études, et une année plus tard, elle décide de s’installer à King Heath avec son amoureux. Elle fait plusieurs boulots, d’abord dans le centre ville pour le département éducation à la mairie, ensuite à Solihull pour Usinor 4 ans, et enfin à Coventry où elle vend des vacances en Europe et en Amérique du Nord. «Dans mon travail, j’utilise le français, l’anglais, l’espagnol pour contacter les camps de vacances et les campings et organiser des travel tours.» Aujourd’hui, elle est en congé maternité d’un an et profite de sa petite fille avant de reprendre son travail à la rentrée. «Mais à mi-temps» précise-t-elle.

En fait, la provençale a d’abord fui ses compatriotes. «Pendant des années, j’ai tout fait pour un peu endormir ma langue maternelle, pour m’intégrer au mieux, je ne voulais pas arriver dans un endroit, repérer les gens Français et rester que avec des francophones, je voulais vraiment m’incruster comme on dit». Mais aujourd’hui, avec sa fille ainée à l’école, elle cherche à lui apporter un peu de culture maternelle. «J’essaye de rencontrer un peu plus de Français, je l’emmène à Farandole, la petite école française du samedi matin, c’est un peu un retour aux sources pour moi.»

Franco-britannisme 

Dans sa tête, Sandrine ne se sent en fait ni vraiment anglaise ou française. « Souvent on me demande, dans quelle langue je rêve, mais en fait je ne me souviens pas de mes rêve… Si je me parle toute seule par exemple je pense que ça va être en anglais. Pour la présidentielle française, je me suis quand même inscrite au Consulat, ici je ne peux voter que pour les locales. C’est dommage, je paye mes impôts comme tout le monde, et je m’intéresse plus à ce qui se passe ici… mais bon je n’ai pas la nationalité.»

Aujourd’hui elle ne se voit pas vivre ailleurs. «On est enraciné… j’aime bien voir ma fille sur skype avec sa mamie française, ou lui lire des histoire dans ma langue, mais au fond elle est britannique. Je veux que mes deux enfants finissent leur scolarité ici, après on verra. De toute façon, mon compagnon ne parle même pas français, alors ça m’étonnerait qu’on aille un jour s’installer en Provence ! Et puis, j’y reviens pour les vacances, ça me suffit.»